Chères lectrices, chers lecteurs,
Dans le bulletin du 2 mai dernier, nos marins demandent d’expliquer
« Les soucis d’un équipage naviguant au près sur un bateau à voile gîté
avec une table à carte au vent ».
Il y a quelques temps déjà, une lectrice souhaitait des indications pour
comprendre les termes et expressions utilisés dans le langage nautique. Nous
allons faire notre mieux pour répondre positivement à ces attentes avec des
mots compréhensibles par tous.
« Les soucis d’un équipage naviguant au près »
Les "soucis" d’un équipage, sont un raccourci pour exprimer les
difficultés du bateau avec lequel chaque équipier digne de ce nom, fait corps.
C’est avec son voilier et en son nom que le marin expose ses sentiments comme
la joie ou la peine, la déception ou la satisfaction, la raison ou la passion
et tout ce qu’un cœur sensible ressent et communique.
« En naviguant au près »
Vous pourriez croire amis béotiens (là vous ouvrirez utilement
votre dictionnaire), que « au près » le bateau se
rapproche au plus vite de sa destination ! Et bien c’est le contraire, il ne prend pas
le chemin le plus rapide. Il compose, il ruse pour lutter contre le vent en
faisant des zigzag (on dit remonter au vent). Un peu comme un montagnard qui rencontre
une dénivellation trop forte pour l'aborder face à la plus grande pente.
Notre « Batida remonte au près du vent », et c’est une
allure fatigante, à la fois pour le matériel et pour l'équipage.
« sur un bateau à voile gîté »
Il est habituel de représenter sur les dessins, tableaux, photos et films des
voiliers gîtés (penchés). Pourquoi, pensez vous à juste titre, oui
pourquoi ? C’est bien sûr, pour faire plus joli ! Si, si, si,
imaginez les bateaux avec des mâts droits sur la mer : c’est beaucoup
moins beau !
Batida à la gîte
« gîté avec la table à carte au
vent »
La table à carte est au cœur du bateau, c'est le cerveau du navire, c'est
là que transitent et sont analysées toutes les informations utiles à la bonne
marche du bâtiment (un bâtiment flottant bien sûr !). C’est à cette table que
sont étudiées les cartes, choisies et tracées les options de route. On y
recueille également les informations météo, celles concernant le trafic
maritime ainsi que les mails de nos chers lecteurs, c'est aussi à cette place qu’est
composé le journal par son rédacteur. Tout cela nécessite du temps et la
position « gîté avec la table à
carte au vent » devient très rapidement inconfortable pour le navigateur.
L’expression « au vent » mérite aussi une étude attentive : pensez
à un promeneur par beau temps.
Notez que pour un marin, le beau temps ne signifie pas grand soleil, mais
indique plutôt qu’il y a du vent. Notre promeneur donc, sent le vent rafraîchir
un côté et un seul, de son visage : c’est le côté « au
vent ». L’autre joue, elle, est « sous le vent ». Si
le marcheur sent le souffle également des deux côtés, c’est qu'alors il fait exactement
face au vent. Les marins disent « bout au vent » (prononcer
boutt…) ou « vent debout ».
Et les soucis ?
Vous avez compris qu’en gîtant, la table à carte et le siège qui soutient le rédacteur du journal, penchent en même temps. Et alors et alors, ça fait quoi me direz-vous ??? Eh bien, les soucis arrivent lorsqu’un
coup de gîte plus fort que les autres se produit et éjecte le rédacteur de son siège
penché !
Il retombe alors lourdement sur son souci, pardon son
postérieur !
Nous vous remercions pour votre attention à cette difficile et délicate
explication.
Faites-nous part de vos commentaires et autres avis.
Ber et Ber .