Chers lectrices, chers lecteurs,
« Avez-vous le temps ? »
Cette question à double sens est trompeuse. Le temps oui, mais lequel ? Pompon et Momo étaient pressés d’arriver et l'ont utilisé au mieux, c'est-à-dire au minimum. Mais ils étaient tout autant, comme les terriens, curieux de connaître le temps à venir. Et ce temps là, n'est ni long ni court, il est beau ou mauvais, changeant ou stable, humide ou sec, clair ou sombre, que sais-je encore ?
Vous comprenez que ce n’est pas simple à expliquer , merci de nous accorder un peu de votre temps pour cela.
« Mais Théo quel temps fera-t-il ? »
Pas facile de répondre, depuis la nuit des temps, nous cherchons à deviner ce qui arrivera demain. Nous tentons de savoir si le temps qu’il fera, dans les prochaines heures ou les jours à venir, est compatible avec notre activité projetée. Il y a plusieurs méthodes pour y parvenir et cela avec plus ou moins de réussite.
« Je te l’avais bien dit ! »
Les dictons marins ont la réputation de traduire les observations pour formuler des prévisions météorologiques de façon mnémotechnique (dont on se souvient facilement). Ces dictons ont toujours raison (ou presque) puisqu’il en existe pour toutes les situations, toutes les interprétations et leurs contraires. L’importance de l’observation de l’environnement est aussi à souligner : l’aspect des nuages, le vol des oiseaux, le bruit du vent, le changement de température et l’humidité qui fait grogner les genoux du grand-père, sont autant de signes avant-coureurs pour celui qui sait.
Nos anciens qui savaient, ont formulé de savoureux et très nombreux dictons et parmi ceux-ci nous avons extrait :
« Barbe de chat aux nuages,
amène vents de grand tapage. »
et encore,
«Oiseaux de mer réfugiés à terre,
tempête va venir de forte manière. »
Bravo ! Le dicton et son rapporteur ne se trompent qu’une fois sur deux, et ça, on vous l’avait bien dit !
« C’est pas sérieux tout ça. »
Ne ricanons pas trop vite, ces observations et la critique des prévisions parfois hasardeuses sont, il faut le reconnaître, la base d’ébauches de lois physiques d’une science encore imparfaite, néanmoins très sérieuse et très complexe qui progresse de jour en jour : la Météorologie.
« La météo, qu’est-ce ? »
Près des côtes, la radio porte à Momo et Pompon les informations concernant la situation et l’évolution du régime des vents (vitesse et direction, état de la mer…). En haute mer, là où la (Ouh-la-la !) radio ne porte plus, nos navigateurs reçoivent sur leur ordinateur, via les satellites, des cartes météorologiques qui traduisent graphiquement l’évolution, la force et l’orientation du vent, ce qui leur permet d’adapter leur trajectoire et la voilure de leur navire aux circonstances.
Carte des vents
Carte des pressions atmosphériques
« Il est trop fort ce Beaufort. »
Il ne s’agit pas ici d’apprécier la qualité du fromage de Beaufort, mais plutôt d’évoquer l’Amiral britannique Francis Beaufort qui inventa, dès 1805, un code d’évaluation du vent et des vagues. Ce code est nommé « Échelle de Beaufort ». L’échelon le plus faible est nommé Force 0 (vitesse du vent 1 nœud, mer d’huile), puis Force 1,2,3 jusqu’au plus élevé, Force 12 (ouragan, vitesse du vent 64 nœuds et plus) en passant par la Force 4 qui a notre préférence poétique : jolie brise de 11 à 16 nœuds et nombreux moutons.
Échelle de Beaufort
Force | Appellation | Vitesse du vent | État de la mer | Effets à terre | |
Nœud | km/h | ||||
0 | calme | 1 | 1 | Mer d'huile, miroir | La fumée monte droit |
1 | très légère brise | 1 à 3 | 1 à 5 | Mer ridée | La fumée indique la direction du vent |
2 | légère brise | 4 à 6 | 6 à 11 | Vaguelettes | On sent le vent au visage |
3 | petite brise | 7 à 10 | 12 à 19 | Petits moutons | Les drapeaux flottent |
4 | jolie brise | 11 à 16 | 20 à 28 | Nombreux moutons | Le sable s'envole |
5 | bonne brise | 17 à 21 | 29 à 38 | Vagues, embruns | Les branches des pins s'agitent |
6 | vent frais | 22 à 27 | 39 à 49 | Lames, crêtes d'écume étendues | Les fils électriques sifflent |
7 | grand frais | 28 à 33 | 50 à 61 | Lames déferlantes | On peine à marcher contre le vent |
8 | coup de vent | 34 à 40 | 62 à 74 | Les crêtes des vagues partent en tourbillon d'écume | On ne marche plus contre le vent |
9 | fort coup de vent | 41 à 47 | 75 à 88 | ||
10 | tempête | 48 à 55 | 89 à 102 | Les embruns obscurcissent la vue, on ne voit plus rien | Risque de chute pour les piétons |
11 | violente tempête | 56 à 63 | 103 à 117 | ||
12 | ouragan | 64 et plus | 118 et plus |
« Mais à quoi, cela sert-il ? »
Cette grille sert à analyser une situation, de sorte que Pompon, Momo et tous ceux qui savent ce que signifie « dépression centrée à 15 miles au sud de l’Irlande se déplaçant en se creusant vers l’Écosse, vent de sud de force 7 » soient en capacité de modifier (ou non) leur parcours.
Ne soyez pas impatients, chaque chose en son temps, nous parlerons, si vous le voulez bien, dans une prochaine chronique des termes techniques comme « nœud, mille nautique, etc.»
« Tout ça, c’est du vent ».
Ce n’est pas parce que vous n’avez pas tort, que nous pouvons nous permettre de vous donner raison ! Allons, gardez courage ! Vous avez bien suivi jusqu’ici, nous allons tenter d’être clairs pour le sujet suivant.
L’air qui entoure notre planète n’est pas homogène, ses caractéristiques évoluent avec le temps, le lieu, l’altitude et de très nombreux facteurs. Parmi ceux-ci, la pression atmosphérique et l’humidité.Imaginez que l'air se répartit autour du globe selon sa pression avec des pics (montagnes) et des creux (fosses). Les pics sont les anticyclones (zones de hautes pressions) et les creux sont les dépressions (zones de basses pressions).
« ça n'a l’air de rien ».
Justement ! L’air qui est en haut de l’anticyclone dévale la pente vers le fond de la dépression, mais il ne peut pas descendre selon la plus grande pente car la terre tourne sur elle-même. Cet air en mouvement que nous nommons le vent est dévié selon le schéma ci-après dans l’hémisphère nord.
« c’est pas sorcier. »
Vous avez raison d’être attentifs, vous avez compris l’essentiel et vous dites légitimement et fièrement : « c’est pas sorcier ».
Et pourtant si !
Depuis la "Marine en bois", le baromètre est appelé « le sorcier », pourquoi ? Cet appareil inventé au XVIIème siècle et amélioré au fil du temps par plusieurs savants (Torricelli, Pascal entre autres) mesure la pression de l’atmosphère (poids de la couche d’air). Cet appareil obligatoire à bord de tous les navires, sur toutes les mers du globe, annonce les changements de temps. En témoignant du déplacement d’une dépression, le baromètre prédit le vent : c’est un vrai « sorcier ». A titre d'exemple, lorsque le baromètre indique une baisse de 6 hectopascals en 3 heures il faut s’attendre à un vent de force 6 Beaufort.
« ça décoiffe, hein ? »
Aujourd’hui, les prévisions météorologiques sont élaborées par des sociétés ou organismes spécialisés qui collectent et analysent les données recueillies dans le monde entier. On trouve des stations météorologiques de toutes nationalités, sur tous les continents, et aussi sur des bateaux, des balises flottantes, des sondes aériennes et à bord de satellites !
Ballon-sonde
Station météo
Localisation des bouées météorologiques en périphérie de la France
A titre d'exercice, nous vous proposons d'ouvrir un atlas à la recherche des îles Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam (cherchez bien, elles sont toutes petites !). Ces îles, au milieu de l’Océan Indien, en territoire français, abritent des stations météorologiques qui transmettent inlassablement leurs informations.
Îles Kerguelen - Port aux Français
Île Crozet - Base Alfred Faure
Très utiles dans toutes les activités humaines, les prévisions météorologiques sont incontournables pour la sécurité des marins.
Cette présentation (trop) simple de la météo a peut être suscité en vous des questions, réflexions, critiques et autres observations. Faites-les nous partager par un courriel à :
Nous vous répondrons bien volontiers.
Ber et Ber.